mardi, août 18, 2009

 

DÉLIRE?

Jonathan Rosenbaum fait partie de ces critiques admirables et admirés. Un de ceux dont Godard lui-même a déjà dit qu'il était le Bazin américain, rien de moins! Pilier du Chicago Reader, il a depuis lancé son propre site
à consulter régulièrement pour avoir ce doux sentiment de s'élever un peu.

Sauf aujourd'hui...

Car voilà qu'aujourd'hui, Rosenbaum se fend d'une charge anti-tarantinienne afin d'expliquer "what I find so deeply offensive as well as profoundly stupid about Inglourious Basterds [sic sic — or maybe I should say, sic, sic, sic]".

L'indignation est à son comble chez le critique d'un certain âge. La faute à Tarantino, son film ennuyeux, qui nie l'Holocauste et qui souffre d'un aveuglement historique autant que d'un goût pour la revanche infantile. Tellement choqué que le digne représentant de ce beau métier ne peut s'empêcher lui non plus de se laisser tenter par une provocation finale au punch tout tarantinien, justement: "As far as I’m concerned, whatever Tarantino’s actual or imagined politics might be, he’s become the cinematic equivalent of Sarah Palin, death-panel fantasies and all."

Que l'on n'aime pas Inglourious Basterds, rien de plus normal. Qu'on en souligne les défauts (longueurs, complaisance, Brad Pitt....), évidemment. Mais qu'on l'attaque ainsi, surtout chez un critique professionnel, dérange. Il y a en effet quelque chose de choquant dans l'attaque de Rosenbaum. D'abord, par son ton et son manque d'arguments: le papier est court, très court et se contente d'aligner les attaques virulentes et personnelles sans réel fondement. Ensuite, par son autoritarisme et son rejet total d'un film qui pourtant appelle le débat: car ce que Rosenbaum voit dans sa paranoïa comme une attaque antisémite (sic, sic et resic!) peut de la même façon être envisagé comme une déclaration d'amour au cinéma absolue, jusque-boutiste, totale à travers laquelle Tarantino ne fait que dire: il n'y a d'autre vérité qui compte que celle du cinéma. Et quand seul le cinéma compte, pourquoi le reste devrait-il être réaliste? Devant son engagement envers son art, devant cet amour, peut-être naïf mais irrésistible du 7e art, devant cette mise en scène absolument brillante, le cinéaste méritait tout de même plus que cette attaque lapidaire?

Depuis quand les films voués au plaisir n'ont-ils pas droit eux aussi à l'analyse?

jeudi, août 13, 2009

 

SCORSESE, CE HÉROS

Montrez-lui un film en danger, une pellicule menacée, une bobine à restaurer, et il accourt. Martin, notre sauveur. Scorsese, c'est notre Superman du 7e art, notre Wolverine (rapport aux sourcils) des causes cinéma, notre Optimus Prime des salles.

Cette fois, c'est à la suite de l'annonce des suspensions des projections de films au Musée d'Art de Los Angeles que notre héros s'est fendu d'une lettre ouverte dans le LA Times:
"Without places like LACMA and other museums, archives, and festivals where people can still see a wide variety of films projected on screen with an audience, what do we lose? We lose what makes the movies so powerful and such a pervasive cultural influence. If this is not valued in Hollywood, what does that say about the future of the art form? Aren’t museums serving a cultural purpose beyond appealing to the largest possible audience? I know that my life and work have been enriched by places like LACMA and MoMA whose public screening programs enabled me to see films that would never have appeared at my local movie theater, and that lose a considerable amount of their power and beauty on smaller screens."

Juste une question: où sont nos héros à nous lorsque notre cinéma est en danger? Où étaient, par exemple, nos cinéastes visibles lorsque l'Ex-Centris fermait ses portes...?

vendredi, août 07, 2009

 

Tarantinophiles...

...à vos maisons de la presse. Les Inrocks s'apprêtent à sortir un numéro spécial Quentin - je suis une rock star-Tarantino.

Au menu, tout, tout, tout sur le "bad boy d'Hollywood" (ça, c'est eux qui le disent) + un CD 10 titres + un très chouette portrait en amuse-bouche sur leur site

Impeccable pour patienter jusqu'au 21, date de sortie de ces espérés Batards.

Je plante ma tente devant mon kiosque à journaux.

 

R.I.P

"People forget that when you’re 16, you’re probably more serious than you’ll ever be again. You think seriously about the big questions." (chez Ebert)

John Hughes, 1959-2009.

mardi, août 04, 2009

 

DE PENSER, SON CERVEAU NE S'EST PAS ARRÊTÉ

"Le cinéma, c'est quelque chose de très précis et de très simple. C'est aussi simple qu'un moteur de Mobylette, que vous pouvez démonter et remonter vous-même. C'est aussi simple que le fonctionnement d'une caméra analogique. Ça sert d'abord à certifier le réel, à filmer comme on fait de l'ethnographie. C'est un système de validation qui produit des documentaires et des actualités sur le monde. Et le même système, le même outil rigoureusement, sert à filmer Lauren Bacall, pour produire le même effet de réel et le même rapport à l'image. Or à partir du moment où vous introduisez un calculateur dans la caméra, c'est fini, il n'y a plus cette certitude que ça a existé. On passe à l'ère numérique, c'est-à-dire à l'ère du soupçon. Sans compter qu'il y a eu parallèlement une perte de la valeur de l'écriture critique sur le cinéma, qui pour moi a toujours été indissociable de sa pratique. Tout cela, pour moi, c'est un peu comme une douleur qu'on n'arrive pas encore à identifier."

Un prophète
, grand prix du jury au dernier festival de Cannes n'a toujours pas débarqué par chez nous (date encore estimée à quelque part avant Noël...), mais cela ne devrait pas empêcher d'apprécier la magnifique entrevue réalisée pour Le Monde par Jacques Mandelbaum avec Jacques Audiard, fils de son père mais dont on connaît désormais le prénom sur le bout des doigts.

Un réalisateur qui soigne ses films (Regarde les hommes tomber, Un héros très discret, Sur mes lèvres, De battre mon coeur s'est arrêté: 4 films et autant de classiques ) autant que ses réponses aux journalistes et que sa réflexion sur son art ? Des réponses qui ne mettront certainement pas tout le monde d'accord? Voilà qui ne se trouve habituellement pas sous les sabots d'un cheval.

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